Bon D’ici dans Ouest France soutient les agriculteurs đ
« On achĂšte au prix fixĂ© par les agriculteurs » chez Bon Dâici, au sud de Nantes
La question des prix et des revenus est au cĆur de la colĂšre agricole actuelle. Chez Bon dâici, jeune enseigne rĂ©gionale de distribution, Ă RezĂ© (Loire-Atlantique), pas de discussion sur les prix. Et tout le monde y trouve son compte. Rencontre.
Chez Bon dâici, tout est transparent dans la construction des prix. Une clartĂ© apprĂ©ciĂ©e des agriculteurs et des consommateurs. | OUEST-FRANCE
Dans la cagette, sur la photo du magasin Bon dâici, des panais couleur crĂšme. Bienvenue Ă la ferme des Bernardeau Ă Sainte-Luce-sur-Loire, Ă 15 km de lâenseigne, Ă RezĂ© (Loire-Atlantique). La distance est soigneusement mentionnĂ©e sur la petite affichette, suspendue au-dessus des Ă©tals. Dâautres produits et dâautres photos. Celle dâune botte de radis, Ă 1,50 ⏠piĂšce. Dâautres infos encore, qui racontent toute la philosophie dâici.
Un histogramme explique au centime prĂšs ce qui tombe dans la poche du producteur, de lâĂtat (via la TVA) et du distributeur. Pour la botte de radis, la ferme Bernardeau se garde la plus grosse part du gĂąteau, 0,95 âŹ. Bon dâici prend 0,47 âŹ. Le reste est pour lâĂtat. PrĂ©cis et transparent.
« On achĂšte au prix quâils fixent »
Ici, surtout, on nâĂ©crase pas les prix, comme le proclamait jadis une enseigne de la grande distribution. ï»żÂ« On ne nĂ©gocie pas les prix avec les producteurs », explique LoĂŻc le Moaligou, pas mĂ©content de pied de nez Ă ses concurrents de la grande distribution, « mĂȘme si je ne cherche pas Ă prendre le contrepied des grandes surfaces ».« On achĂšte au prix fixĂ© par les agriculteurs et on sâaperçoit, au final, quâils sont incroyablement raisonnables. » Comme une marque de confiance.
Plus Ă©levĂ©s quâailleurs les prix chez Bon dâici ? LoĂŻc Le Moaligou fait tomber cette idĂ©e reçue aussi tĂȘtue que des adventices, ces mauvaises herbes, hantise des producteurs. « Câest simplement le juste prix, fait remarquer AurĂ©lie Benoist, qui fabrique des pĂątes prĂšs de Rennes, un prix qui permet Ă tout le monde de vivre, le producteur, le distributeur et le consommateur. » Jeune producteur de lait bio Ă Barbechat, Ă la ferme des coteaux de la Divatte, SĂ©bastien BĂ©nureau, savoure, lui aussi, ce vent de libertĂ© sur les prix, « sans nĂ©gociation et dans la transparence ».
Les derniers relevĂ©s de prix de LoĂŻc Le Moaligou, « effectuĂ©s sur une quarantaine de lĂ©gumes chez des concurrents », parlent dâeux-mĂȘmes. « Sur vingt et un dâentre eux, on Ă©tait moins cher et sur les autres, câĂ©tait Ă©quivalent ou trĂšs lĂ©gĂšrement plus cher. »
« Geste citoyen »
Un peu plus cher, un peu moins ? Brigitte, cliente, ne regarde pas trop. Elle aussi ne retient que « le juste prix Ă payer » pour ce quâelle considĂšre ĂȘtre un « geste citoyen ». « Jâai des agriculteurs dans ma famille, jâapprĂ©cie de savoir quâils sont payĂ©s correctement. »
Autre originalitĂ©, lâabsence de contrat qui ligote le producteur et lâenseigne de LoĂŻc Le Moaligou. « Chacun est libre dâarrĂȘter la relation commerciale sâil le veut, le producteur ou nous », ajoute la responsable du magasin, Camille Praud. Dans les faits, câest plutĂŽt rare. La confiance rĂšgne. il y a aussi cette proximitĂ©, apprĂ©ciĂ©e. Les producteurs sont du coin.
«Ăa fait mĂȘme toute la diffĂ©rence», insiste NoĂ«l, qui adore lâenseigne. Le pâtit plus, câest aussi cette photo des producteurs, dans leur ferme. «Ăa me reconnecte avec ma rĂ©gion, raconte NoĂ«l, les communes oĂč se trouvent ces agriculteurs, je les connais. »
« Ici, câest zĂ©ro stress, complĂšte AurĂ©lie Benoist, qui travaille aussi pour la grande distribution, je connais tout le monde, on prend le cafĂ© en arrivant le matin, câest comme une famille. »
Alors que la colĂšre des agriculteurs ne sâessouffle pas, ici, dans ce que LoĂŻc le Moaligou appelle « un grand marchĂ© couvert », la loi Egalim ou le Mercosur semblent bien loin. Pourtant, les manifs agricoles, ils sây intĂ©ressent. « On est complĂštement avec eux », lĂąche SĂ©bastien BĂ©nureau.
Un sur cinq : Selon les chiffres de 2023 de lâInsee, dans les Pays de la Loire, en 2020, une exploitation agricole sur cinq vend au moins un de ses produits via un circuit court, soit directement au consommateur, soit par le biais dâun seul intermĂ©diaire.
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